Auteur - Biographie
Puisqu’il faut livrer un peu de ses secrets, un peu de son parcourt personnel, je commencerai par dire que je considère avoir eu et avoir toujours une vie tranquille – et j’aime ça comme ça –, avec peu de drames et des petits bonheurs à la portée de tout le monde. Ce qui explique sans doute pourquoi je me venge sur mes pauvres personnages qui eux vivent moult drames poignants, aventures extraordinaires et passions électrisantes.
Né en France, à Nice, au bord de la Méditerranée, si je dois démentir mon affirmation du premier paragraphe, c’est ici qu’il faut que je le fasse, car de 3 ans à 15 ans, nous avons, ma mère et moi, pas mal déménagé. Dans des villes, des villages, des appartements, de grandes maisons, chez les autres, aussi ! Pleins d’écoles, de camarades quittés trop tôt, de paysages, d'odeurs différentes ; la mer, la montagne, la campagne, les vastes champs, les vergers ou bien le bruit de quartiers agités.
J’ai lu des bandes dessinées jusqu’à l’âge de 15 ans, donc très peu de romans, sauf ceux imposés en classe, et me suis baigné plus qu’à mon tour dans les dessins animés de l’époque : les grandes séries japonaises comme Goldorak, Candy, Albator et autres qui ont beaucoup nourri mon imaginaire. À mon grand désespoir, j’avoue ici n’avoir jamais lu de romans de science-fiction, à part quelques Jules Verne. Pathétique pour quelqu’un qui en écrit aujourd’hui !
Dès l’âge de 10 ans, je confectionnais mes propres bandes dessinées, comme plusieurs de mes copains, d’ailleurs ! J’écrivais les textes et je faisais les dessins. Je travaillais très sérieusement à l’élaboration de plusieurs comiques de front, et abordai avec autant de plaisir l’humour et le drame, avec une flopée de personnages que j’ai, aujourd’hui, presque complètement oubliés, mais qui m’ont apporté beaucoup de plaisir.
À dix ans m’est arrivé une chose assez étrange : subitement, je n’étais plus enfant unique. Un petit frère m’était venu. Je croyais plutôt en une sœur.
À l’âge de 16 ans et demi, fracture. Nouveau déménagement, mais cette fois dans le Nord de la France ; fini les mimosas et la plage ! Paris, sa banlieue grise, l’hiver, l’inconnu, et, après avoir terminé le collège, les premiers petits boulots.
Je voulais devenir dessinateur et scénariste de BD. Mais, déception, je réalisai que je ne dessinais pas assez bien et que mon niveau de français était, disons, relatif.
Alors, j’ai travaillé dans la restauration.
Puis, en juillet 1984, nous sommes arrivés au Canada, au Québec, à Montréal ; plus précisément dans sa banlieue Ouest, moi qui étais nul en anglais à l’école.
J’avais tout de même en poche le Brevet des collèges ! J’ai longtemps cru et, d’ailleurs, inscrit sur mes formules d’applications, que ce Brevet correspondait au secondaire 5. J’ai appris dernièrement par hasard (je n’avais jamais voulu y réfléchir de près auparavant) que le niveau de ce brevet se situait plutôt aux alentours du secondaire… 3 !
Heureusement, j’ai toujours considéré que la vie s’apprend avant tout dans la rue, avec les gens, dans des emplois et des responsabilités qui vous forment le caractère bien plus que les bancs d’école. Ayant toujours eu un féroce appétit d’apprendre, je dois dire pour ma défense que depuis l’âge de 12 ans, je mangeais toujours avec un livre à la main. Au grand désespoir de ma mère ! Mais, bon, après les bandes dessinées, je me suis attaqué aux biographies, puis aux encyclopédies, ce qui m’a permis tout de même de m’ouvrir au monde et de me cultiver à ma façon.
Un matin d’hiver, alors que je devais chercher un travail et que je parlais à ma mère de mon rêve de scénariser une grande série de dessins animés, elle me dit, à brûle-pourpoint : «écris d’abord des romans !». Elle est médium. Seulement, avec mon pauvre Brevet et mes fautes d’orthographe… Je l’ai pris tout de même au mot, et ai passé les dix années suivantes, tout en travaillant et en faisant mon chemin dans la vie, à écrire 27 manuscrits.
Tous présentés à différents éditeurs des deux côtés de l’Atlantique ; tous refusés à plusieurs reprises.
Devenu entre-temps employé d’usine, apprenti pâtissier, commis en pharmacie, vendeur chez Toys r us, représentant en papeterie et libraire, j’ai eu la chance de lire beaucoup de romans, en pause ou entre deux clients. Des bons et des passables. D’inoubliables. Pour écrire, disait fort justement quelqu’un, il faut lire. Lire beaucoup, énormément. À la fin, j’en lisais trois ou quatre en même temps.
La chance de lire des romans à la pelle, mais aussi d’apprendre finalement l’anglais.
Après une brève incursion dans la représentation industrielle où je vendais des filtres à huile ou à air, j’ai eu la chance de devenir représentant, mais dans le domaine du livre, cette fois ! Un véritable métier, une carrière, une vie trépidante de chevalier du livre, avec sa monture sur quatre roues, des clients, des séjours dans des hôtels et des restaurants, des Salons du livre, des dîners avec des éditeurs et des auteurs.
Une période très prolifique au plan de vue humain et sentimental, personnel et amical. Les sorties, les grands brassages d’idées et, après les arts martiaux que je pratiquais depuis un bout de temps, la danse avec une partenaire sublime et une grande amie.
Tout en publiant Storine.
Storine qui était, depuis mes 18 ans, une amie, une confidente et une sœur.
La série, débutée en 2002 avec le Lion blanc, le volume 1, se poursuit et s’achève d’ailleurs cette année avec la parution, en mars 2007, du volume 9. Après tout ce temps à vivre en imagination auprès de Storine, Grifffo, Éridess, Sériac, Marsor et les autres, me voilà obligé de me séparer d’eux.
Comme toutes les séparations dans la vie, celle-ci est douloureuse.
En 2005, je déclarais à mes patrons bien-aimés que je souhaitais les quitter. Étais-je fou ?
Sans doute un peu.
Mais voilà, au lieu de gaspiller mon argent en voyages, trips de toutes sortes, j’avais, depuis 20 ans, un projet en tête. Celui de tout arrêter, un jour, et d’écrire à temps plein.
Alors, à force d’économies et de détermination, la chose s’est faite, en douceur.
Quoi d’autre après Storine ?
Un auteur ne manque jamais d’amis imaginaires, et Éolia, ma petite princesse de lumière, est présente chaque jour à mes côtés.
Elle est venue à moi en 1995. Comment ? Pourquoi ? Ces choses-là ne sont jamais claires. Tout ce que je peux dire, c’est que quand un personnage ou un groupe de personnages viennent à vous, ouvrez-leur grand votre porte !
Depuis, Éolia occupe une bonne part de mon quotidien.
Mais elle n’est pas la seule.
D’autres personnages se glissent subrepticement par la porte de mon esprit. Des personnages, autant dire des énergies, des amis auxquels je songe depuis deux décennies, des gens patients qui ont attendu leur tour et avec lesquels, aujourd’hui, je vis de nouvelles aventures de papier que j’espère vous faire bientôt découvrir.
J’espère ne pas avoir été trop long ni lassant. À mon sens, les plus belles histoires d’un auteur de fantastique sont celles… qu’il n’a pas vécu !